En août 1914, 6 600 inscrits maritimes réservistes, matelots sans spécialité et sans préparation adaptée, sont incorporés au sein d’une unité terrestre nouvellement créée : la brigade des fusiliers-marins, placée sous le commandement de l’amiral Ronarc’h. Lorient, quartier historique des fusiliers-marins, fournit alors de nombreux hommes à la brigade. Inexpérimentés - certains mousses ont à peine dix-sept ans et ne savent pas se servir d’une arme - les « demoiselles de la Marine » sont envoyées à Paris pour aider la police dans sa mission de maintien de l’ordre.
Les fusiliers marins, héros de Dixmude
Destinés à se tenir éloignés du front, la réalité de la guerre rattrape pourtant les fusiliers-marins. Dès septembre 1914, pour compenser les pertes des premières batailles, l’état-major décide d’envoyer la brigade en première ligne. Les hommes de l’amiral Ronarc’h sont alors chargés de soutenir l’armée belge afin de protéger les ports de Dunkerque et de Calais, nouveaux enjeux de la « Course à la mer ». Les « Jean le Gouin », comme ils se surnomment, combattent successivement à Melle, Dixmude, Steenstraete et Nieuport (Belgique).
Dixmude constitue le plus grand fait d’armes de la brigade. Ils ont l’ordre de défendre la ville « quatre jours » en attendant les renforts. Les Allemands, cinq fois plus nombreux (les fusiliers sont accompagnés de 5 000 Belges alors que les Allemands seraient entre 45 000 et 60 000), déclenchent l’offensive le 16 octobre 1914. Les combats sont durs et éprouvants. Les fusiliers reçoivent le renfort de 1 200 tirailleurs sénégalais le 26 octobre 1914. Deux plus jours plus tard, les autorités belges déclenchent l’inondation les plaines de l’Yser permettant ainsi de retarder l’avancée des Allemands. Les fusiliers se replient finalement le 10 novembre près d’un mois après le début de la bataille. Cette seule journée du 10 novembre met hors de combat plus de 2 000 hommes de la brigade.
Très rapidement, l’opinion et la propagande vantent le courage des « demoiselles » devenues des hommes ! Cette bataille de Dixmude aura couté la vie à 8 000 soldats allemands, 1 250 belges. Les pertes pour les fusiliers marins avoisinent les 47 % et celles des tirailleurs sénégalais 60 %.
Ce sacrifice jugé héroïque mérite les honneurs du président Raymond Poincaré qui remet solennellement un drapeau à la brigade le 11 janvier 1915. La brigade, dont les effectifs sont renouvelés, continue de se battre jusqu’à sa dissolution en novembre 1915.
Sources consultées
- FICHOU, Jean-Christophe, « Les pompons rouge à Dixmude : l'envers d'une légende», Guerres Mondiales et Conflits Contemporains, 2010, n°4, pp. 5-21.
- LE BAIL, Georges, La Brigade des Jean le Gouin, Paris, Perrin et Cie.
- BOISSON, Pascal, « la bataille de Dixmude », LeLien, octobre 2014.