En 1806 débutent les travaux du canal de Nantes à Brest. La Bretagne est à l’écart des grands axes de communication et souffre d’un isolement géographique séculaire. Hormis la liaison fluviale de Rennes à Redon par la Vilaine maritime réalisée en1585, il faut attendre la mise en place de la Commission de Navigation Intérieure des États de Bretagne en 1783 pour voir des projets de navigation entre Nantes et Brest.
Les travaux de construction du canal ne débutent que sous Napoléon. À partir de 1799, le général Bruix, commandant de la Marine à Brest, a en charge la conception du projet. Il répond en premier lieu à une nécessité militaire et stratégique : assurer, depuis Nantes, l’approvisionnement des ports de Brest et Lorient face au blocus anglais. En second lieu, ce projet représente un enjeu économique : pallier l’insuffisance et la médiocrité du réseau routier breton qui rend difficile les échanges commerciaux.
La construction du canal est décidée officiellement par un décret impérial du 7 juin 1811. Les travaux s’échelonnent jusqu’en 1842 suivant un itinéraire établi par l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées Guy Joseph Bouessel. La construction avance lentement, se concentrant aux deux extrémités du canal (l’Erdre et Châteaulin). Elle est même interrompue entre 1815 et 1822. À cette date, les travaux sont alors relancés avec la création de la Compagnie des Canaux de Bretagne qui emprunte les fonds nécessaires à la réalisation du projet.
En 1825, de nouveaux chantiers sont ouverts en particulier dans le Morbihan. Le chantier majeur concerne le bief de partage et la rigole d'Hilvern, entre Rohan et Pontivy. Il s'agit d'un chantier long et difficile, non seulement d'un point de vue technique mais aussi en raison de problèmes administratifs liés à l'acquisition des terrains et des difficultés rencontrées avec les paysans et les meuniers. Pour le réaliser, une main-d’œuvre abondante est employée mais mal payée. Il s’agit d’hommes libres, au contraire d’autres sections du canal, notamment dans les Côtes du Nord, où les ingénieurs font appel à une main-d’œuvre pénitentiaire. Les travaux de construction s’achèvent en 1838. Près de 63 km de rigole ont été creusés entre le barrage de Bosméléac (Côtes du Nord) et Hilvern.
Dans les autres départements, les travaux se concentrent sur la rigole et le bief de partage de Bout-de-Bois (Loire-Inférieure), la tranchée de Glomel (Côtes du Nord), le curage de l'Aulne et la canalisation des rivières de l'Hyères et du Kergoat (Finistère). En janvier 1842, le canal de Nantes à Brest est livré totalement à la navigation sur 360 km ponctués de 236 écluses.
Si le canal a perdu son intérêt stratégique, sa construction permet un certain développement économique de la Bretagne intérieure. Il favorise ainsi les progrès de l’agriculture en permettant d’acheminer des engrais et en facilitant le transport des produits récoltés par péniche. Houille, ardoise, pierres, poteaux de mine, bois de toute sorte sont également transportées par voie fluviale. Cependant, le tonnage des marchandises reste peu important. Le développement du chemin de fer puis l’amélioration du réseau routier marquent le déclin des activités de transport sur le canal.
En 1930, la construction de l’usine hydro-électrique de Guerlédan interrompt la possibilité de relier Nantes à Brest par le canal. Il est officiellement rayé de la nomenclature des voies navigables par décret du 27 juillet 1957.
Sources et bibliographie
- 3 S 217. - Historique des canaux (1815-1960)
- HB 7038. - Le canal de Nantes à Brest par Kader Benferhat, Rennes, 1995
- KB 5789. - De Nantes à Brest, un canal… par Kader Benferhat, Vannes, 1992
- RB 3502. - Le canal de Nantes à Brest par Loïc Abed, Montreuil-Bellay, 1998